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Présentation du premier baromètre FHF – France Info : Hôpital public, recours aux soins : quatre ans après le début de la pandémie, où en sommes-nous ?

Présentation du premier baromètre FHF – France Info : Hôpital public, recours aux soins : quatre ans après le début de la pandémie, où en sommes-nous ?

Le 17 mars 2020 étant le premier jour du confinement décidé pour protéger la population et préserver les capacités d’accueil de l’hôpital public, la FHF et l’institut Covid-19 Ad Memoriam, présidé par Laëtitia Atlani-Duault, ont décidé, depuis 2021, de faire de cette date une journée d’hommage et de célébration de l’engagement des professionnels de santé en même temps qu’une occasion de débat sur les questions de santé.

La FHF présente à cette occasion son premier baromètre annuel composé de deux volets : le premier porte sur l’évolution de l’activité à l’hôpital depuis le début de la pandémie de Covid-19 et le second est un sondage IPSOS sur l’accès aux soins.

La FHF tient également à remercier les antennes de Radio France d’avoir accepté d’être partenaires de cette démarche cette année :

  • Pour marquer le centenaire de la FHF et à la veille du 17 mars, France Inter a organisé un Grand Face-À-Face XXL dédié à l’hôpital public ce samedi.
  • De son côté, France Info s’associe à la publication de notre baromètre pour lui donner un retentissement à la hauteur de son intérêt pour le public.

Les données du baromètre FHF – France Info sont inédites et traduisent les mutations à l’œuvre dans le système de santé (voir synthèse et communiqué téléchargeables ci-dessous). Si l’activité progresse à nouveau à l’hôpital en 2023, un sous-recours aux soins dans plusieurs activités traduit la persistance d’une dette de santé publique sans précédent à la suite de la pandémie Covid, qui pourrait représenter une véritable bombe à retardement de santé publique si des mesures ne sont pas prises rapidement.

Synthèse des résultats du baromètre

Communiqué de presse

La FHF appelle les pouvoirs publics à fixer des priorités de santé publique en conséquence. En particulier, l’hôpital public et notamment les CHU, ont un  rôle prépondérant irremplaçable sur les filières de soin essentielles.

Elle lance également un appel à un grand débat public et scientifique sur ce sujet pour donner à l’hôpital public les moyens de répondre à ces priorités de santé publique, main dans la main avec les autres acteurs du soin et de la prévention.

L’ÉVOLUTION DE L’ACTIVITÉ POSE QUESTION EN TERMES DE SANTÉ PUBLIQUE ET APPELLE À UN SOUTIEN ACCRU DE L’HÔPITAL PUBLIC

Les données inédites de terrain recensées par la FHF concernant l’activité montrent une situation complexe et multifactorielle. Si l’activité des hôpitaux retrouve les niveaux d’avant Covid en 2023, ce retour à la normale cache des disparités préoccupantes.

  • Le recours aux soins est inférieur aux niveaux attendus sur plusieurs spécialités de médecine (prises en charge digestives, système nerveux, rhumatologie, cardiologie). Dans 99 % des cas, ce sous-recours concerne des patients de plus de 45 ans, pour un total de 428 000 séjours.
  • En chirurgie, le sous-recours est concentré sur les chirurgies lourdes et les chirurgies de recours. En particulier, les greffes sont en recul de 7,5 %, soit 3 200 greffes non-réalisées par rapport à ce qui était anticipé (dont 2200 greffes rénales).

Dans les deux cas (médecine et chirurgie), les activités concernées, lourdes, sont par nature faites à l’hôpital public, notamment au sein des CHU.

Cela crée des risques extrêmement concrets pour la santé des patients : avec, entre autres, la possibilité de retards pris sur la détection de certains cancers pouvant entraîner des pertes de chances (report d’endoscopies digestives par exemple).

Si ces baisses d’activités ciblées peuvent, dans certains cas, être dues à la mise en place de nouvelles techniques ou organisations, ou à un renforcement de la prévention (vaccination par exemple), d’autres hypothèses doivent alerter les pouvoirs publics et l’opinion.

L’enquête montre ainsi que les tensions en termes d’effectifs ou de solutions d’aval à l’hospitalisation peuvent conduire à ce que les capacités d’accueil ne fonctionnent pas à 100% – l’équivalent de 7% des capacités d’hospitalisation en MCO étaient fermées sur l’année 2023 – et il faut prendre au sérieux la possibilité d’un renoncement aux soins ou de retards de prise en charge, ce que semble indiquer notre sondage IPSOS.

LES FRAGILITÉS DU SYSTÈME DE SANTÉ PRODUIRAIENT DU RENONCEMENT AUX SOINS ET UN MAL-RECOURS AUX URGENCES

Les chiffres montrent une nette hausse du recours non-optimal aux urgences publiques : 54 % des Français disent s’y être déjà rendus pour des raisons qui ne relevaient pas d’une urgence médicale (vs. 42 % en 2019).

Ce phénomène traduit notamment la nécessité d’optimiser le lien entre ville et hôpital et la nécessité d’un premier recours plus fort.

  • Dans 32% des cas, le patient est venu aux urgences faute de savoir où d’autre se rendre
  • Dans 30% des cas, il est venu aux urgences à la suite d’un refus de prise en charge non programmée par un médecin généraliste ou spécialiste de ville

Cet état de fait rejaillit sur l’ensemble de l’hôpital : un Français sur deux a déjà vécu un retard de soins à l’hôpital au cours des 5 dernières années en raison de la surcharge de travail du service ou du médecin, ou de la difficulté à y obtenir un rendez-vous que ce soit pour lui ou pour un proche

Et s’y ajoute un phénomène très préoccupant : entre difficulté d’accès aux soins et difficultés économiques, ce sont plus de 6 Français sur 10 qui ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années.

Avec pour résultat un risque pour la santé de la population. Lorsqu’ils ont été confrontés à un report de soins, plus d’un tiers des Français déclarent que cela a occasionné des conséquences graves pour eux. Pire encore, 4 malades chroniques sur 10 partagent le constat que leur prise en charge médicale s’est détériorée depuis le Covid.

Depuis le début de la pandémie de Covid, notre système de santé est entré dans une mutation profonde, rapide. Dans ce contexte, si l’activité a globalement repris, nous nous inquiétons d’un recours aux soins insuffisant dans plusieurs disciplines, susceptible de former une forme de dette de santé publique, qui pourrait bien devenir une bombe à retardement de santé publique si nous ne prenons pas le sujet à bras le corps. Nous parlons de choses très concrètes, par exemple de délais de diagnostics sur certains cancers qui reportent d’autant une chirurgie qui serait nécessaire.
 
Sans pouvoir apporter, à ce stade, de réponse définitive sur les causes de cette situation, le baromètre FHF – France Info que nous présentons aujourd’hui accrédite en tous cas l’hypothèse de tensions qui restent trop importantes sur nos capacités d’hospitalisation et d’une possible hausse du renoncement aux soins du côté des Français. J’appelle les pouvoirs publics à ne pas prendre ces données à la légère :  nous ne devons pas rater notre sortie de la pandémie. Il est temps de lancer un débat démocratique et scientifique approfondi sur ce sujet et donner à l’hôpital public, et aux CHU notamment, les moyens pour assurer leur rôle irremplaçable sur les filières essentielles, main dans la main avec les autres acteurs du système de santé.

Arnaud ROBINET, Président de la FHF nationale